Intervention de Mme Nicole REVEL lors du colloque dédié à Jacques Dournes organisé par l’Institut de Recherche France-Asie (IRFA) le samedi 8 novembre 2025 et intitulé « Jacques DOURNES : 50 ans d’ethnologie totale, des plateaux du Vietnam au CNRS ».
Synopsis :
« Pour conclure, je tenterai de témoigner de la présence d’un homme rare, de sa relation aux autres, de ses amis proches sur les Hauts Plateaux que j’ai pu connaître, de la rencontre déterminante avec Georges Condominas, mais avant tout, je témoignerai de cette exceptionnelle relation avec les Montagnards, les Sré et plus tard les Jörai, qu’il a choisi de défendre inconditionnellement pour leur manière d’être en ce monde.
Intégré au CNRS en 1973, il montra la voie aux ethnologues en devenir que nous étions. J’évoquerai son influence intellectuelle au Centre d’ Études de Documentation et de Recherches sur l’Asie du Sud-Est et le Monde Insulindien, le CéDRASEMI , ainsi qu’au Centre de Recherche sur l’Oralité, le CRO, qu’il a fondé et dirigé de 1980 jusqu’à son départ à la retraite, après avoir co-crée, en 1976 – il y a 50 ans déjà – la revue Cahiers de Littérature Orale, les CLO, à l’INALCO.
Une vie de choix, de déchirements, d’engagements, d’écrits, marqués par une intensité spirituelle, intellectuelle, sensible, artistique et morale, qui ne l’a jamais quitté. Cette intempérance était manifeste dans le timbre grave de sa voix, un cri, un rire brutal, la révolte ou le sarcasme, mais doublés d’une capacité analytique profonde, parfois douloureuse, qu’il partageait avec nous et les personnes qu’il côtoyait en France, loin des Montagnards, de leur manière de vivre, de penser, de dire, de raconter qu’il connaissait, comprenait et transmettait si bien. Il fut séparé d’eux par l’Histoire, mais, par l’imaginaire, les souvenirs, les rêves, la correspondance, la composition d’articles et de livrets, le dessin, la littérature orale et les soins qu’il prodiguait aux fleurs de son modeste jardin d’argile dans la solitude de Bagard, cet humaniste n’a cessé de vivre, de penser, de travailler et d’écrire avec eux et pour eux, jusqu’aux derniers jours ».
Nicole Revel, linguiste et ethnologue, Directeur de recherche émérite au CNRS, Membre honoraire au MNHN, Docteur Honoris Causa (Humanités), Ateneo de Manila University
Consulter le texte :
Consulter le diaporama (Power Point) :